Ces mêmes critères sont utilisés pour évaluer la progression technique du 5° kyu au 4° dan, les niveaux d’exigences étant différents selon le grade présenté. Si les critères de connaissance technique et d’intégrité sont relativement explicites, la notion de construction technique mérite quelques approfondissements.

D’une manière générale, la technique se déroule suivant 5 phases :

1 - Phase préalable :

  • SHIZENTAÏ : position naturelle de base.
  • SHIZEÏ : attitude, posture correcte.

L’esprit est vigilant, le corps décontracté mais non relâché, prêt à intervenir. Le corps est stable sur ces appuis, centré sur soi et en direction de Uke. La garde est ouverte (absence de garde).

2 - Phase de placement :

  • TAÏ SABAKI : déplacement du corps

Venir se placer judicieusement, selon la technique à exécuter, implique un déplacement. Il peut être succinct, comme Irimi, et peut suffire à « casser » la distance d’attaque, ou plus complexe comme Irimi-Tenkan, Taï-no-Henka. Le corps entier vient se placer, se positionner. Les mains ont aussi leurs propres déplacements (Te Sabaki) et vont favoriser l’exécution de la technique. L’axe du corps, par rapport à Uke est important aussi (Taï atari : prise d’angle). Les notions de centrage et d’équilibre doivent s’exprimer ici.

Le déplacement doit s’harmoniser avec la vitesse et la direction de l’attaque de Uke. Pour la forme Omote, l’attaque sera contrôlée avant qu’elle ne se développe, et pour Ura, Tori en permettra le prolongement afin de la détourner ou la contourner.

3 - phase de création et de conduite de déséquilibre :

Tori a pris l’avantage. Il faut le garder tout en respectant l’intégrité de Uke. Les atémis ne sont pas utilisés dans le but de frapper un adversaire, mais pour garder une distance ou encore conserver un déséquilibre. Les contrôles des articulations n’ont pas la volonté de créer des dommages corporels. Les directions utilisées accentuent le déséquilibre tout en favorisant la phase 4.

4 - Phase de projection ou d’immobilisation :

Uke est en déséquilibre. Un dernier déplacement, succinct ou complexe, oriente la technique vers une projection ou une immobilisation. Dans les 2 cas, l’équilibre et le centrage de Tori doivent persister et permettrent le contrôle de Uke jusqu’à la fin de la technique.

5 - Phase de contrôle et de vigilance :

  • ZANCHIN : vigilance

La technique n’est pas terminée pour autant. La manière de libérer une immobilisation, de se replacer par rapport à Uke est important, elle reflète l’état d’esprit du pratiquant. L’esprit est vigilant, le corps décontracté mais non relâché, prêt à intervenir… pour la prochaine technique.

Exécuter une technique n’implique pas forcément de la réaliser en respectant les fondements qui régissent la discipline, comme la non-opposition ou le respect de l’intégrité. Le critère de construction technique permet la cohésion entre les principes philosophiques et la réalisation des techniques. Privilégier uniquement la forme au fond est une porte à la dérive sportive, mais l’inverse présente le risque de s’isoler de la réalité martiale. La progression en Aïkido doit passer par une acquisition et une amélioration progressive des capacités.

Bien construire sa technique nécessite un bon usage des outils caractéristiques de l'aïkido. L’exécution d’une technique doit en permettre une observation claire et ainsi, une évaluation de votre progression personnelle.